Au
fil de la liberté
Yogasûtra
1.1
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atha yogànusàsanam
-
Voici
l'enseignement du yoga
ou
Voici l'enseignement de la liberté
-
Le mot yoga, à l'époque de la rédaction du Yogasûtra, signifiait "libre", "liberté", "repos". Il
s'agit de la liberté de l'âme-incarnée, ou conscience, vis à vis des fluctuations du mental, des pensées, des souvenirs, des sensations, des concepts, des
partis-pris, de la confusion, de l'ignorance (nescience) et de leur cortège de
souffrances. Il s'agit aussi du repos du mental.
-
1.2
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yogà citta-vrtti-nirodhah
-
Le yoga est l'indifférence aux variations du mental
-
Le
mental doit rester un outil. Il faut en garder le contrôle. Le
mental est sans cesse en activité, même pendant le sommeil. Si ces
activités vous débordent, elles sont génératrices de souffrance et si
vous ne pouvez pas les faire cesser, il vous est possible de ne pas y
prêter attention, comme si vous regardiez le ciel et qu'un nuage passait sans que vous ne le suiviez du regard.La méditation, par des techniques appropriées, sert à celà.
1.3
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tadà drastuh svarùpe'vasthànam
-
Par cela*
le pratiquant
S'installe dans la paix de sa nature essentielle
-
* Par cet enseignement, cette pratique.
La
nature profonde de l'humain est la paix. Par une attention
particulière sur le centre de soi, en utilisant les techniques
appropriées, il est possible d'y rester en conscience, au moins
durant le temps de la méditation.
1.4
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vrtti-sàrùpyam itaratra
-
Sans cela*
le pratiquant s'identifie aux fruits du mental
-
*Sans l'enseignement, la pratique du yoga.
Autrement
dit, s'il ne parvient pas à rester dans la paix de sa vraie nature,
par un manque de pratique, le
disciple reste dans la confusion du mental, se prenant pour
lui. Il n'a plus le recul nécessaire.
-
1.5
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vrttayah pancatayyah klistàklistàh
-
Les
fluctuations du mental sont de cinq types
Douloureuses et non douloureuses
-
Certaines des variations
du mental génèrent de la souffrance, de la confusion, d'autres non.
Au début de la méditation, une de ces fluctuations est utile et
permet de commencer à se concentrer.(Dhàranà).
-
1.6
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pramàna-viparyaya-vikalpa-nidrà-smrtayah
-
Qui sont:
les mécanismes d'acquisition des connaissances,
L'ignorance, l'interprétation subjective,
Les rêve et les souvenirs
-
Le
mental existe pour notre bonheur et ses capacités peuvent être
utiles dans une quête spirituelle, il s'agit simplement d'avoir du
recul et du discernement pour ne pas se laisser déborder par
l'affect, les fantasmes, la colère et l'imagination débridée.
1.7
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pratyaksànumànàgamàh pramànàni
-
La
perception directe, la déduction
Et l'enseignement par une parole faisant autorité*
Sont les moyens de la connaissance
-
* Un maître vivant.
La
perception directe évite les concepts. La méditation est de cet ordre. L'enseignement, par le satsang, est le troisième piliers de La Voie. Si vous ajoutez le service, vous avez les trois moyens de la connaissance. Cette
connaissance n'est pas une connaissance apprise.
1.8
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viparyayo mithyàjnànam atad-rùpa-pratistham
-
L'illusion
vient d'une fausse connaissance de la réalité
-
L'illusion,
la Màyà vient du filtre mental de celui qui regarde.
Ce n'est pas le monde qui est illusion, mais la vision que le
spectateur en a. Avec une conscience libérée, la vision devient
juste.
-
1.9
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sabda-jnànànupàtï vastu-sùnyo vikalpah
-
Les
concepts sont le produit d'une connaissance sans vérité
-
Les
connaissances lues, apprises n'ont aucune réalité, aucune vérité . Elles sont peut-être le fruit de l'expérience
directe d'autres personnes, mais leur narration, ni leur récitation,
ne peuvent les faire vivre. Ces connaissances n'ont pas de réalité;
elles sont théoriques. Ce sont les concepts.
-
1.10
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abhâva-pratyayàlambanà vrttir nidrà
-
L'éveil conduit à une foi parfaite
-
1.11
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anubhùta-visayàsampramosah smrtih
-
La mémoire est l’empreinte laissée par l’expérience
-
1.12
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abhyàsa-vairàgyàbhyàm tan-nirodhah
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L'Observance
de la Sadhana, le détachement calment le mental
-
L'Observance
est la pratique assidue de la Sadhana (abhyàsa), c'est à dire ce qui compose une pratique. Cette
Observance produit le détachement, donc un certain calme du mental.
-
1.13
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tatra sthitau yatno'bhyàsah
-
L'Observance
doit-être assidue et continue
-
La
pratique, l'Observance régulière,
est la seule façon de parvenir à un résultat. Si votre but est de
vivre en paix, s'il est de vous accomplir dans la vérité, d'avoir
conscience de la Grâce dans votre vie, alors vous pratiquerez avec
assiduité, régulièrement.
1.14
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sa tu dïrgha-kâla-nairantarya-satkàràsevito drdha-bhùmih
-
Une Observance
assidue et enthousiaste
Donne
de solides bases au contrôle du mental
ou
Une
vraie et ininterrompue attitude de dévotion
Qui dure depuis
longtemps donne des fondations solides
-
La
posture-intérieure est la seule qui existe sur La Voie et
cette posture est faite de diverses vertus spirituelles comme
l'humilité,
la simplicité,
la soif de
vérité
et la joie,
l'enthousiasme.
L'enthousiasme donne l'élan,
la dynamique pour pratiquer avec constance et c'est aussi une
reconnaissance de la Grâce reçue. Pour contrôler les variations du
mental il faut de la motivation, de la joie. Ils sont d'une grande
aide pour tenir sur la distance.
-
1.15
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drstànusravika-visaya-vitrsnasya vasïkàra-samjnà vairàgyam
-
Par le détachement
On
ne désire plus les objets que l'on connaît
Ou
dont on a entendu dire qu'ils existaient
-
Les désirs ne sont pas les besoins.
Les besoins sont légitimes: l'être humain a des besoins fondamentaux
comme de se nourrir, de se loger, de vivre en sécurité, en société
etc. Il est légitime de répondre à ces besoins mais les désirs
sont une autre chose. Manger du caviar est-ce se nourrir ? Ne pas
accorder d'importance à ses désirs est une liberté. La pratique
spirituelle vraie donne cette liberté, ce détachement. Sans
détachement pas de lâcher-prise, de décollage possible !
-
1.16
-
tat param purusa-khyàter guna-vaitrsnyam
-
La
contemplation du vrai soi mène au vrai détachement
-
La
contemplation du vrai soi se fait dans la méditation profonde (dhyàna), sans porter attention aux pensées. Elle permet de retrouver sa vraie nature, son
vrai soi qui est l'âme-incarnée, la conscience.
1.17
-
vitarka-vicàrànandàsmità-rûpànugamàt samprajnàtah
-
Le
pratiquant connaît différents niveaux de conscience
De
la confusion à la joie jusqu'à la béatitude
-
1.18
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viràma-pratyayàbhyàsa-pùrvah samskàra-seso'nyah
-
Au
degré le plus haut de la méditation
Quand
le détachement contrôle le mental
Il
reste toujours les résidus des impressions
Les
pensées ne peuvent être arrêtées, c'est impossible : tant que le
cerveau fonctionne les pensées, les impressions sont là mais il est
possible de leur "tourner le dos" par la méditation.Il
faut, pour cela, un objet de méditation constant, fiable, facile,
intérieur et qui ne dépende pas du mental. Ce qui exclut les
mantras et autres mandalas.
Pourtant, même une méditation profonde ne peut
effacer les résidus de l'activité psychique. Parfois, quand on va
au fond de soi, un nuage de ces résidus se lève, comme de la vase
quand un plongeur touche le fond. Ne soyez pas déconcerté par ce
phénomène, parfois générateur de peur et de
confusion. Continuez de pratiquer et ce nuage retombera.
-
1.19
-
bhava-pratyayo videha-prakrti-layànàm
-
Fusionner
dans la nature originelle donne la juste-vue
-
La
nature originelle de toutes choses est l'Unité d'où tout provient. Fusionner dans cette nature c'est le
samadhi ou nirvikâlpa-samadhi,
pour un degré plus grand. La juste-vue est une conséquence de
l'éveil et, pour un degré moindre, la clairvoyance, le discernement
un des traits de la conscience approfondie.
-
1.20
-
sraddhà-vïrya-smrti-samàdhi-prajnà-pùrvaka itaresàm
-
Le samadhi
vient après la foi, la constance, la révélation
Et
donne une perception aiguë de la
vérité
-
La
juste-vue (aphorisme précédent) est précédée d'autres états,
d'autres acquis de la pratique spirituelle, d'autres vertus comme
énumérées dans le verset. Le samadhi est une méditation très
profonde où la césure entre le méditant et l'objet de sa
méditation s'estompe jusqu'à disparaître. Cette proche
fréquentation de la vérité donne, à la conscience, un grand
discernement à propos de ce qui est vrai et de ce qui ne l'est pas,
par simple comparaison. Les concepts n'entrent pas en jeu, ni les
savoirs appris. C'est le principe de la connaissance non-apprise .
1.21
-
tïvra-samvegànàm àsannah
-
l'atteignent
ceux qui en ont un intense désir
-
Ce
qui est atteint c'est la
béatitude sans graine, sans
cause objective, au delà des mérites du pratiquant, autrement dit
un samadhi
presque
accidentel, une Grâce.
Sans
une soif intense cette conscience ne peut apparaître.
-
1.22
-
mrdu-madhyàdhimàtratvàt tato'pi visesah
-
La profondeur de l'Observance fait la différence
-
1.23
-
ïsvara-pranidhànàd và
-
Seul
la confiance en Dieu mène au Royaume
-
La confiance en Dieu signifie
la contemplation sans penser.
Avec une technique appropriée, et une grande soif d'Unité,
vient le samadhi quand la
conscience baigne dans Sa Lumière, Son Amour. C'est la béatitude
sans les limites du temps ni de l'espace. Jésus disait, de cet état,
qu'il était le Royaume.
(
1.24
-
klesa-karma-vipàkàsayair aparàmrstah purusa-visesa ïsvarah
-
Dieu
est différent de l'homme:
Il
n'est pas touché par les causes de la souffrance
Ni
par la loi de l'action-réaction, pas plus que par la confusion
1.25
-
tatra niratisayam sarvajnatva-bïjam
-
Dieu
est la Connaissance suprême, il n'y a rien au delà
-
Cette Connaissance suprême est évidemment le Veda (Pas le livre),
ou Connaissance suprême non-apprise. Ce mot désigne la connaissance
révélée. Les connaissances apprises sont utiles, pour le mental et
la vie terrestre, et pour mettre ses concepts en ordre, mais le plus
important, spirituellement, est la connaissance venue de la méditation, sans mots,
sans pensées. Apprendre dans des livres, en espérant que cet
apprentissage ouvrira les portes de la compréhension du subtil, de
la profondeur, est une erreur. C'est dans l'autre sens que ça marche :
c'est l'inspiration qui apporte la compréhension.
-
1.26
-
sa pùrvesàm api guruh kàlenànavacchedàt
-
Hors
du temps il est le guru
suprême,
celui des premiers maîtres
-
Le
mot guru
signifie qui chasse
les ténèbres de l'ignorance par la Lumière de la Connaissance.
Il ne s'agit pas là d'une image et la connaissance n'est pas celle
des livres. La Lumière dont il s'agit est une vraie lumière, qui
brille. Grâce à une technique de méditation dite ''de-la-Lumière''
cette Lumière-intérieure peut être vue. Les ténèbres de
l'ignorance sont la confusion.
L'ignorance est la nescience.
1.27
-
tasya vàcakah pranavah
-
Son
Nom est le son-primordial*
-
* Pavaba signifie "son-primordial" ou "son-cosmique" mais aucunement Ôm. Ceux qui traduisent pavanah par Ôm se basent sur le concept du mantra, pas sur la lexicologie sanskrite.
Sur
La Voie, ce nom imprononçable, que l'on ne peut écrire
et que l'on peut entendre en faisant le silence, et en connaissant la
technique de méditation appropriée, ce nom nous en parlons en
disant "Saint-Nom" ou "Verbe". Ce son est révélé. Il n'est pas un
mantra et se prononce seul, naturellement en chaque être-humain.
1.28
-
taj-japas tad-artha-bhâvanam
-
La
méditation sur ce son qui se répète est la méditation sur Dieu
-
Il s'agit d'un son qui se répète et pas de répéter un son (mantra). Cette
méditation est l'ancêtre du pranayama mais n'est pas le
pranayama. Dieu est contenu en tout et
dans le souffle aussi et le souffle n'a pas besoin de nous pour se
faire.
1.29
-
tatah pratyak-cetanàdhigamo'pyantaràyàbhàvas ca
-
En
conséquence* les obstacles disparaissent
Et
vient la pleine Conscience
-
* De cette méditation
Quels
sont ces obstacles ? Ils sont les fluctuations du mental, les pensées,
les impressions, les émotions. Ils jettent un voile d'illusion sur
le regard de votre conscience ainsi que ce qui est décrit dans le
verset suivant. Par la méditation profonde, Dhyana, l'Observance ces obstacles sont franchis. Attention:
ils n'ont pas disparus. Il faudra les franchir à chaque méditation
même si, à force de pratique, ça devient de plus en plus facile et
rapide.
-
1.30
-
vyàdhi-styàna-sansaya-pramàdàlasyàvirati-bhrânti-darsanàlabdha-bhùmikatvànavasthitatvàni cittaviksepàs te'ntaràyàh
-
Les
obstacles sont la maladie, l’inertie, les doutes, la négligence,
La
fatigue, l’indiscipline, l’imagination, le manque de
persévérance,
Le retour
en arrière et les fluctuations du mental
-
1.31
-
duhkha-daurmanasyàngam-ejayatva-svàsa-prasvàsà viksepa-sahabhuvah
-
Ces
distractions peuvent faire cesser l'Observance
Et
entraîner chagrin, désespoir, agitation et oubli du souffle*
-
*
Le souffle a à voir avec le « son-qui-se-répète » et
l'oubli du souffle est l'oubli de la méditation en action ou service
dans l'Unité. Cela a à voir avec le pranayama mais pas tel qu'il
est pratiqué depuis longtemps et aujourd'hui. Plus de précision est
donnée lors de l'initiation à La Voie.
1.32
-
tat-pratisedhàrtham eka-tattvàbhyàsah
-
Observer
la Sadhàna vous garde de ces choses
1.33
-
maitrï-karunà-muditopeksànàm sukha-duhkha-punyàpunya-visayànàm bhàvanàtas citta-prasàdanam
Vous
pouvez garder l'esprit apaisé
Par
les comportements suivants:
Vis-à-vis
des gens heureux, pratiquez l’amitié,
Des
malheureux, la compassion, des vertueux la gaîté,
De
ceux qui agissent mal, l'indifférence
1.34
-
pracchardana-vidhàranàbhyàm và prànasya
-
Vous
pouvez aussi arriver à cette paix
Par
la Méditation sur le souffle
-
Faute de pouvoir méditer
profondément, quand les circonstances, l'environnement ne sont pas
favorables, qu'il y a trop de bruit, vous pouvez vous concentrer sur
la respiration comme objet de méditation. Méditer sur le souffle
est le pranayama originel qui n'a rien à voir avec celui
pratiqué aujourd'hui, où le méditant tente de maîtriser le
souffle. Ce qu'il faut, entre autres choses, c'est se laisser
maîtriser par le souffle.
-
1.35
-
visayavatï và pravrttir utpannà manasaï sthiti-nibandhanï
-
Poursuivre
cette méditation dans l'action aide
à rester en paix
-
Ce
verset parle d'un des trois piliers de La Voie : le Service.
Le Service c'est méditer tout en agissant. La technique du Saint-Nom
peut être pratiquée assis et tout en vaquant à ses occupations,
pas aussi profondément mais suffisamment pour rester focalisé et à
l'abri des changements du mental. C'est ça que signifie stabiliser
cette paix. C'est le véritable karma-yoga ou ''union dans
l'action''.
1.36
-
visokà và jyotismatï
-
Vous
pouvez aussi méditer sur la paix de la lumière-intérieure
-
Cette lumière-intérieure
est une manifestation du Saint-Nom que l'on peut voir en soi, quand
on connaît la technique appropriée.
-
1.37
-
vïtaràgavisayam và cittam
-
Vous
pouvez aussi libérer votre mental
De
tout attachement, de tous désirs et passions
-
Ce
verset est ironique, comme les deux suivants. C'est facile de dire
qu'il faut libérer son mental de tout attachement, désirs et
passions ! Mais sans ces techniques de méditations et une sàdhana authentique, comment faire ? En lisant les deux prochains versets vous
comprendrez ce qu'il y a d'ironique.
-
1.38
-
svapna-nidrà-jnànàlambanam và
-
Vous
pouvez aussi chercher la connaissance dans les rêves
-
Vous voyez l'ironie ! Les
rêves n'ont évidemment rien à voir avec une pratique spirituelle,
tout au plus peuvent-ils aider pour une thérapie touchant à la
psyché, l'affect mais ils n'entrent pas dans une sadhhana authentique. Les versets
1.37, 1.38 et 1.39 sont ironiques, les rédacteurs du livre avaient
sans doute le sens de l'humour.
-
1.39
-
yathàbhimata-dhyànàd và
-
Ou
faire comme bon vous semble
-
1.40
-
paramànu-parama-mahattvànto'sya vasïkàrah
-
Avec
la maîtrise de la contemplation
La
Conscience pénètre dans l'essence
De
l'infiniment petit et de l'infiniment grand
-
La
maîtrise de la contemplation, ou du contrôle des
changements du mental par la méditation permet à la conscience de
trouver, dans la vacuité, l'essence de tout, de l'infiniment grand
comme de l'infiniment petit.
1.41
-
ksïnà-vrtter abhijàtasyeva maner grahïtr-grahana-gràhyesu tat-stha-tad-anjanatà samàpattih
-
Comme
le pur cristal prend la couleur des objets placés près de lui
Le
pratiquant, libre des fluctuations du mental, sort de la confusion
Et
atteint la parfaite Conscience de la béatitude, absorbé dans
L'Unité
-
Un
sucre que vous posez debout sur une sous-tasse, où il y a un fond de
café, pompe ce café et en prend la couleur. La Conscience,
lorsqu'elle atteint Dhyana, puis le samadhi, la vacuité pleine de
béatitude, se remplit d'elle et en prend la ''couleur''. L’harmonie
de la posture intérieure répond à l'harmonie de L'Unité.
-
1.42
-
tatra sabdàrtha-jnàna-vikalpaih sankïrnà savitarkà samàpattih
-
À ce
stade le sens, l’objet* et le savoir
Fusionnent
pour devenir la connaissance
-
* Du savoir.
La
connaissance étant là aussi l'état de conscience particulier de
celui qui est dans la béatitude, cette béatitude que Jésus
désignait par le mot Royaume.
Tout ce qui est pluriel se fond dans l'Unité. Le sens, l'objet et le
savoir se fondent.
-
1.43
-
smrti-parisuddhau svarùpa-sûnyevàrtha-mâtra-nirbhàsà nirvitarkà
Quand
le mental est à l'abri des pensée, des souvenirs
Et qu'il n'a plus conscience de lui-même, il y a béatitude
-
L'Unité,
la béatitude est l'état de conscience désigné par le vocable
Satçitananda.
C'est l'état de parfaite conscience de la béatitude, c'est-à-dire
de la paix contenue dans l'Unité. La béatitude est plus que la
paix. Il y a aussi de l'amour et la certitude d'être accompli. Cette
conscience d'être là où l'on doit à faire ce que l'on est censé
faire participe de la béatitude. On peut se fondre dans cette
béatitude.
1.44
-
etayaiva savicàrà nirvicàrà ca sùksma-visayà vyàkhyàtà
-
Il
se passe la même chose
Dans
les deux stades de méditation suivants,
Que
ce soit avec ou sans fluctuations du mental,
Conscience
de l'identité illusoire et de l'espace-temps
-
Finalement
on se moque bien des stades de méditation: on médite et advienne
que pourra,
le but étant de laisser remonter à la surface la
conscience.
-
1.45
-
sùksma-visayatvam càlinga-paryavasànam
-
Le
point où culmine ce processus de méditation
Est
l'Unité, la
vacuité, satçitananda, le Tout
1.46
-
tà eva sabïjah samàdhih
-
Les
stades de méditation décrits jusqu'ici sont dits ''avec graine''
-
Ces
états de conscience, ces méditations sont nommés ainsi car ils
sont le résultat d'une pratique assidue qui progresse marche par
marche. Ils ne sont pas les fruits spontanés de la Grâce. Les
graines sont les efforts, les actions, l'Observance que vous avez
semés et qui ont donné leurs fruits.
1.47
-
nirvicàra-vaisàradye'dhyàtma-prasàdah
-
La
conscience de la béatitude sans pensées ni distinctions
Étant
acquise, apparaît la lumière de L'Être Suprême
-
La
conscience de
la béatitude
est l'état de parfaite union avec L'Un. En méditation profonde on
voit cette lumière les yeux fermés. L'être suprême, Dieu est
aussi lumière mais pas seulement: il est vibration, musique, amour,
paix. Pour faire cette expérience il est bien d'avoir des techniques
et une voie spirituelle le permettant. Il existe une technique de
méditation qui permet de voir cette Lumière.
1.48
-
rtambharà tatra prajnà
-
A
ce stade la connaissance devient plénitude de vérité
-
La vérité n'est plus très à la mode aujourd'hui, sous nos latitudes,
quand on n'accepte pas d'être embrigadé et pourtant elle existe
sans pour autant empêcher les vérités personnelles de s'épanouir.
Au delà des vérités individuelles il en est une qui est
universelle et c'est de cette vérité, le dénominateur commun à tout, dont il est question ici.
-
1.49
-
srutànumàna-prajnàbhyàm anyavisayà visesàrthatvàt
-
Cette
connaissance n'a rien à voir avec
Les
connaissances issues d'apprentissages
-
1.50
-
taj-jah samskàro'nya-samskàra-pratibandhï
-
L'effet
de cette connaissance balaie les
résidus de l'esprit
-
Les
résidus sont tout ce qui reste de nos actes, de nos pensées. La
contemplation assidue nettoie le pratiquant de ces résidus, de ces
impressions issus du passé, mais avant d'être évacués ils
soulèvent un voile trouble. Ne vous laissez pas abuser par ce
trouble, cette confusion.
-
1.51
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tasyàpi nirodhe sarva-nirodhàn nirbïjah samàdhih
-
Quand
cet état s'installe il y a extase
Sans
autre support que l'extase
-
Dans
un samadhi cet état de pleine conscience, il n'existe plus que la béatitude
éclatante et la technique de méditation, qui a permis au méditant
d'y arriver, n'existe plus, c'est-à-dire que le méditant ne la
pratique plus, non pas parce qu'il l'a décidé mais parce qu'il ne
peut rien faire, entièrement absorbé dans la contemplation
extatique.
-